10 mars, 2007

Les Intermittences du Coeur

Après un thé à la menthe hier soir, nous rejoignons nos places aux secondes loges pour découvrir un ballet de Roland Petit inspiré de la "Recherche" de Proust.


Un ballet qui passe très vite, de tableaux en tableaux, en insistant plus sur des impressions que sur une véritable narration. Les trois premiers tableaux laissent un peu dubitatif... et puis Odette et Swan nous "font catleya", les jeunes filles en fleur papillonent dans la brise légère du bord de mer, Proust regarde dormir sa prisonnière... Quelque chose nous retient encore... Manuel Legris et Isabelle Ciaravola forment un couple proche de Roméo et Juliette dans la scène de la chambre.. Le Ier acte se consume dans le sommeil d'Albertine.
Après l'entracte, l'essai est transformé. Monsieur de Charlus se bat avec ses démons dans une danse très physique. C'est presque du théâtre. La "rencontre fortuite dans l'inconnu", scène très sexualisée en clair obscur, et le magnifique duo de Morel et Saint-Loup (très explicite également), incarné par Stéphane Bullion et Hervé Moreau, deux danseurs en symbiose parfaite. Pour en finir, "Cette idée de la mort..." ou la déchéance de la Duchesse de Guermantes. Proust y voit une image de sa mort, reflétée dans la psyché gigantesque suspendue au dessus de la scène. Il revoit défiler les grotesques mondains, les personnages qui ont habité sa vie.
Finalement le ballet nous emporte, malgré son hétérogénéité, car le IIe acte est vraiment réussi dans la psychologie des personnages, la chorégraphie, les idées de mise en scène, le choix des musiques. Il faudrait presque le revoir du début sous cet éclairage final.